Martin by Lina Savignac

Auteur:Lina Savignac [Savignac, Lina]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman Historique, Québéquois
ISBN: EPUB9782924187036-45202
Éditeur: Éditions la Caboche
Publié: 2012-12-25T05:00:00+00:00

Le délégué du prélat acquiesça et reprit la route vers l’évêché, rue Girouard.

Elle était revenue comme on attend le beau temps. Le Vendredi saint, jour de jeûne et de privation, l’avait ramenée chez sa sœur Agathe. Il avait suffi qu’Elwin sorte dans la fraîcheur du matin pour apercevoir Angélique Rousseau avec une brassée de linge mouillé.

— Bonjour, lança-t-elle toute joyeuse. Je suis venu aider Agathe pour quelques jours. Vous allez bien?

— De mieux en mieux, répondit Elwin.

Puis, pour se donner contenance, il pénétra dans l’étable. Il se sentait comme un jeune boutonneux qui rencontrait une fille pour la première fois. De son côté, Angélique ressentait également une certaine gêne. Qu’est-ce qui lui avait pris de parler la première à un homme? Visiblement, elle avait été trop cavalière. Sa mère le lui aurait d’ailleurs reproché. Constamment, cette dernière la remettait au pas, mais Angélique ne pouvait s’y conformer, elle aimait trop les gens. Et ce pauvre veuf qui n’avait personne avec qui jaser…

Derrière les carreaux sales de son étable, Elwin guettait le retour de la jeune fille. Dès qu’il vit apparaître le bout de son bonnet rouge clair, il se précipita vers la clôture de perches séparant son terrain de celui de ses voisins.

— Ne craignez rien, je ne veux pas vous faire peur.

— Je n’ai pas eu peur, vous m’avez simplement surpris.

— Êtes-vous ici pour quelques jours?

— Oui.

— Dans ce cas, je n’irai pas par quatre chemins. J’ai peu de temps pour vous convaincre de m’épouser. Pourriez-vous m’aider à y arriver?

Angélique se mit à rire.

— Attention, je pourrais vous prendre au sérieux, répondit-elle.

— Mais je le suis.

— Décidément, vous êtes plus fou que je ne le pensais.

— Seriez-vous capable de convaincre Hector de garder ses frères et sœurs, le temps d’un repas?

— J’essaierai, conclut-elle en se dirigeant vers la galerie.

— Je vous invite à souper, ainsi que mes bons amis Albert et Agathe. J’attendrai votre réponse, car ce sont uniquement par mes talents de cuisinier que je saurai vous persuader que je suis un excellent parti.

Angélique rentra dans la maison aussi rouge qu’une pivoine et le sourire aux lèvres.

— Sainte-Bénite, qu’est-ce qui t’arrive, tu ris toute seule maintenant! s’enquit Agathe.

— Non, c’est ton voisin qui me taquine. Quel drôle d’hurluberlu! Il vient de me demander en mariage.

— Elwin? Mais il est maboul? Était-il sérieux?

— Je le crois, car il m’a invité à souper, ainsi qu’Albert et toi.

— Pour une fois que le veuf fait des frais, nous irons, s’amusa Agathe. Je ne manquerai pas cette occasion. La dernière fois que nous avons mangé chez lui, c’était avant la mort de Mary. Alors tu penses…

Elwin rentra chez lui et passa au peigne fin les recettes colligées par Mary. Sa mère lui avait enseigné la cuisine et elle avait tout retranscrit dans un cahier d’écolier. Il devait bien y avoir là-dedans quelque chose de facile à faire. Pendant qu’Elwin fouillait dans un tiroir de commode, Martin fit son apparition. Il revenait de l’académie et semblait heureux de jouir d’une journée de congé supplémentaire.

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